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Le critère d’ancienneté pour les activités sociales et culturelles

By Agathe Puaud  21 octobre 2024

Le paysage des activités sociales et culturelles (ASC) au sein des entreprises a récemment connu des évolutions significatives, notamment à la suite d’une décision judiciaire rendue le 3 avril 2024. Ce jugement a remis en question le critère d’ancienneté pour les ASC, soulevant un véritable débat autour de l’égalité de traitement entre les salariés, qu’ils soient nouveaux ou anciens.

Rappel des fondamentaux des activités sociales et culturelles (ASC) 

Les activités sociales et culturelles, qui sont devenues incontournables dans le fonctionnement des entreprises, sont financées par une contribution forfaitaire de l’employeur à partir de 50 collaborateurs. Cette contribution est généralement calculée sur la base de 0,2% de la masse salariale de l’année précédente. Le budget alloué aux ASC permet aux membres du comité social et économique (CSE) de financer diverses activités et avantages pour les salariés, tels que des chèques vacances, des abonnements sportifs, ou encore des aides pour les événements familiaux (mariage, naissance, rentrée scolaire, etc.).

Il existe une distinction claire entre le budget de fonctionnement, qui couvre les frais opérationnels du CSE, et le budget des ASC, qui doit être utilisé exclusivement pour les avantages sociaux. Cependant, une flexibilité permet de transférer jusqu’à 10% du budget de fonctionnement vers celui des ASC, offrant ainsi une certaine marge de manœuvre aux entreprises.

 

Critère d’ancienneté pour les ASC : le débat sur l’égalité de traitement

 Un des enjeux majeurs qui a émergé est la question de l’égalité de traitement entre les salariés nouvellement embauchés et ceux ayant plus d’ancienneté. La loi ne stipule pas explicitement qu’un critère d’ancienneté soit requis pour bénéficier des ASC.

Néanmoins, l’URSSAF avait, jusqu’à présent, toléré une ancienneté minimale de 6 mois pour accéder à certains avantages, une position qui n’était pas unanime au sein des différentes agences de l’organisation.

Cette ambiguïté a conduit à une insatisfaction croissante parmi les nouveaux employés, qui se sont souvent retrouvés exclus des bénéfices des ASC, ce qui a ouvert la porte à des accusations potentielles de discrimination. L’Inspection du travail, de son côté, a toujours affirmé que l’attribution des avantages ne devait pas dépendre de l’ancienneté.

 

Une décision judiciaire éclairante

 L’arrêt de la Cour de cassation du 3 avril 2024 a donc marqué un tournant décisif dans ce débat. Pour la première fois, il a été clairement établi qu’aucun critère d’ancienneté ne pouvait être appliqué pour l’octroi d’un avantage lié aux ASC. Cette décision a des implications profondes pour les entreprises, car elle exige que les CSE revoient leurs pratiques concernant les critères d’ancienneté.

Depuis cette décision, une obligation pèse sur les employeurs de communiquer cette information à tous les CSE concernés. Une étude a révélé qu’environ 81% des entreprises utilisaient jusqu’alors des critères d’ancienneté pour distribuer les ASC. Désormais, ces pratiques doivent être révisées, et les CSE ont jusqu’au 31 décembre 2025 pour se conformer à cette nouvelle réglementation.

 

De nouveaux défis et des stratégies à adopter

Cette décision entraîne plusieurs nouveaux enjeux pour les CSE. La gestion des ASC devient plus complexe, notamment en raison des variations potentielles dans le nombre de collaborateurs au cours de l’année. C’est particulièrement vrai dans des secteurs comme le tourisme, qui emploient chaque année de nombreux salariés sous contrat à durée déterminée (CDD). Les entreprises doivent désormais envisager des mécanismes de régulation plus fréquents, tels que des versements mensuels ou trimestriels, afin d’adapter les avantages offerts au nombre exact de salariés présents.

Il existe également des suggestions sur la possibilité de puiser dans le budget de fonctionnement pour compenser les déficits temporaires dans le budget des ASC. Bien que cela ne soit pas officiellement encouragé, un transfert de fonds sous forme de prêt, avec un engagement de l’employeur à régulariser à la fin de l’année, pourrait être envisagé. Cela permettrait de maintenir l’équité dans l’attribution des avantages, tout en respectant les contraintes budgétaires.

 

Les perspectives futures

Il est important de se poser la question de ce qui se passera pour les salariés qui, après le 3 avril 2024, ont continué à être soumis à des critères d’ancienneté non conformes.

Bien que l’URSSAF ait accordé une période de tolérance jusqu’au 31 décembre 2025, les entreprises doivent être vigilantes afin d’éviter toute discrimination à l’avenir. À partir de janvier 2026, toute entreprise qui n’aura pas ajusté ses pratiques risque de perdre les exemptions fiscales liées aux ASC.

 

En conclusion, la récente décision de la Cour de cassation soulève des défis majeurs pour les entreprises en matière de gestion des ASC. Les CSE doivent désormais naviguer dans ce nouveau cadre légal, en veillant à garantir une égalité de traitement et en adaptant leur fonctionnement budgétaire à cette nouvelle réalité. La transparence et l’adaptabilité seront les clés pour une mise en conformité réussie et pour assurer un climat de confiance au sein des équipes.